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Oui mon poulet !

La basse-cour a perdu de sa grandeur

Dans les cours de ferme autrefois, les volatiles étaient nombreux. Facile pour de jeunes garnements vivant au milieu d’eux, d’observer leurs comportements, d’en tirer des observations et des considérations définitives sur les mœurs des gallinacés. Considérations limitées ici à quelques éléments seulement.

Tout d’abord sur l’importance de la présence du coq au milieu des poules.
Il trône en permanence sur la troupe, picorant du bec tout en surveillant les moindres mouvements dans la couvée, ou l’approche d’éventuels intrus, intervenant régulièrement pour séparer deux protagonistes, faire sa loi, imposer ses choix... Sans lui, il n’y a pas d’autorité dans la basse-cour.
On s’interroge même sur sa capacité à tenir aussi longtemps dans ces tâches, à cocoricoter aussi souvent sans fatiguer, toujours premier levé en chantant, dernier couché en gardant un oeil sur le poulailler, à assurer la reproduction et son alimentation, dans un environnement aussi agité ?
Quant aux poules, on se demande comment elles pourraient se passer d’un tel souverain et, livrées à elles-mêmes, ce que deviendraient leurs journées ?

Puis, sur l’observation d’un comportement surprenant, toujours reproduit, sans cesse exécuté, et qui ne lasse pas de questionner aussi : Dès que la poule est sur ses deux pattes, elle gratte le sol en permanence, dans toutes les circonstances, tous les terrains, semble y trouver non seulement cailloux, herbes ou bestioles à manger, mais une nécessité primordiale et aussi un plaisir intense.
Gare à celles qui auraient l’outrecuidance de venir gratter son espace ou pire, de vouloir lui voler un ver de terre ou une brindille, la bataille est aussitôt engagée. Partager le coq est normal, pas l’alimentation, et les semences jetées par l’éleveur à la volée sont la source de courses effrénées et de rapides disputes.

Enfin, si coq et grattage assuraient des oeufs et volailles de qualité, la présence des magnifiques poussins qui, à la moindre alerte, se réfugiaient sous les ailes maternelles protectrices, enchantait autrefois la basse-cour avec leurs couleurs éblouissantes, leurs pioupious craintifs et leur agilité naturelle.

Autrefois, car aujourd’hui l’existence de poulaillers de plusieurs centaines ou milliers de volatiles, dans des espaces confinés, sans ailes protectrices, sans coq, sans sol pour gratter, sans vers ou cailloux à picorer, dans un air de fiente ventilée, laissent à penser que des hommes sont devenus fous, et ne se rendent plus compte de ce qu’ils font subir à leurs animaux.

Que des chercheurs patentés aient étudié un scénario aussi impitoyable, en dit long sur l’ignorance humaine de la vie animale, ou le drame organisé en séquences productives, quand le profit est le seul objectif visé.
Que des scientifiques démontrent par leurs critiques l’aberration de telles pratiques est rassurant, mais n’empêche pas de découvrir une technique au service du seul commerce et une science au service de l’inconscience.
Pourquoi des conseils insensés sont écoutés et permettent cette monstrueuse stupidité qui consiste à faire souffrir des animaux sous prétexte de productivité ? Et après les poules, à qui le tour ?

Les poules ne grattent plus, ne peuvent plus gratter, n’ont pas assez d’espaces pour vivre les quelques mois d’existence programmée, ne savent même plus ce qu’est un coq, un poussin, d’être mère, la couleur ou l’existence d’un brin d’herbe.
Elles sont condamnées à ingurgiter des produits dits alimentaires pour les engraisser, et des produits médicamenteux sensés leur permettre de faire face à une promiscuité mortelle. Un kg de graisse de poules pourrait même donner un litre d’éthanol ! « Mettre un poulet dans son moteur » donne une idée de la dérive d’une agriculture pourtant dite raisonnée !
Le stress qui découle de tels traitements ne peut que donner des animaux en souffrance, malades, affaiblis, et les éleveurs qui organisent cette industrie indigne, ont oublié leurs origines agricoles pour ne plus voir qu’un résultat financier dans une entreprise annexe et pourvoyeuse de l’industrie, appelée sans rire, agroalimentaire.
D’ailleurs, lorsqu’une de ces cages, appelées à tort poulaillers, voit 4 000 poules périr d’étouffement, le seul souci des responsables est de savoir s’il y a grippe aviaire ou non... Le reste n’est qu’erreur technique ou dysfonctionnement matériel ! La souffrance d’animaux, qui vont de toute façon mourir, n’a pas d’intérêt...

Pour que cessent ces pratiques, il faudrait réclamer la présence du coq, des poussins et le grattage des poules, seules méthodes respectueuses de leurs mœurs et coutumes, sans oublier l’espace de verdure et de bon air nécessaires à toutes vies d’animaux et à la vie tout court.

À ceux qui parlent d’amour des animaux, autre qu’alimentaire, il faut demander si le coq cocoricote, si les poules grattouillent, si les poussins se blottissent sous leur mère et, dans le cas contraire, leur souhaiter de ne jamais vivre eux-mêmes un tel cauchemar en concluant par une formule de circonstance : « Oui mon poulet » et une promesse de devenir végétarien.

Depuis 2007, une évolution se dessine sous la pression des consommateurs convaincus que le bien-être des animaux est primordial.
Mais en 2010, la gallinette danse avec l’Escherichia coli dans les poulaillers industriels, toujours autorisés au nom du respect grenelleux des animaux. Les fientes contaminées de ces pauvres poules entassées à 22 dans un mètre carré, produisent de gros dégâts que même les inspecteurs vétérinaires européens constatent et répriment sans succès. Le gavage aux antibiotiques de ces malheureux volatiles a créé des souches ultra résistantes de la bactérie.
Les "grandes surfaces" sont même obligées d’ouvrir leurs rayons aux oeufs de poules élevées avec plus de respect… Or, des chercheurs canadiens ont prélevé des échantillons de poulets dans les rayons des magasins et découvert que la bactérie se retrouve dans les urines des malades atteints de cystite ou d’infection urinaire ! Les Français ont eux de la chance, c’est la Sécu qui paye, mais ils risquent de devoir accepter les poulets nettoyés à l’eau de Javel pour que les industriels continus à faire croire au poulet élevé en plein air…
Quarante-trois millions de gallinacées françaises en batterie de cages attendent avec impatience 2012, délai laissé par l’Europe aux "producteurs" afin d’adapter leurs installations, pour que leur arrières petits poussins puissent gratter et ne soient plus emprisonnés par des tortionnaires fermiers…


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