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Danseur

Philippe CHAUVET

Qui a vu Philippe danser en public a vite compris qu’en ces instants, il est transporté dans un ailleurs, et que la danse est pour lui un moyen privilégié d’expression, un plaisir à jouer de son corps, une passion de se donner en spectacle, une espièglerie de présenter au public des arabesques compliquées… l’invitant à participer à une chorégraphie impossible sur des musiques et chants provençaux.

Il est fortement attaché à cette culture régionale qui transmet, valorise et bonifie un art populaire qui n’est pas né de rien, pour rien, avec rien. Barbentane a toujours été réputé pour ses célèbres farandoleurs.

Plongé dès l’âge de sept ans dans la danse, prévôt de danses en 1984, il devient en 1987 Maître de danses et animateur bénévole au Moulin de Bretoule où il va développer son art de la danse, devenir un danseur écouté, entendu, et déployer de grandes capacités d’animation et de direction d’un groupe, révélant alors des talents insoupçonnés. En prenant la présidence de l’Association avec une équipe nouvelle, il impulse une dynamique qui va transformer la danse, le costume et le Moulin de Bretoule :
- Une ouverture à d’autres approches de la danse traditionnelle, à d’autres associations comme les ballets populaires de Martigues.
- Une participation régulière aux manifestations régionales de danses provençales et aux journées d’études fédérales, qui vont redonner à notre village la place qu’il mérite, alors que le groupe ne participait à plus rien et ne répondait plus aux invitations depuis longtemps. Ainsi d’une danse limitée aux mouvements traditionnels, les danseurs du Moulin vont s’exprimer dans d’autres facettes, explorer d’autres horizons et acquérir savoir-faire et savoir-être qui les ouvrent aux autres. Ce travail est tellement réussi qu’ils peuvent librement aller jouer ailleurs et parvenir pleinement à s’intégrer malgré leurs différences de formation.
- D’un costume et coiffe de provençale hors normes, sans références ni interprétations cohérentes, un travail en profondeur a été engagé pour retrouver les origines, pour respecter les règles communes, pour s’exposer à la comparaison d’autres groupes, pour renouer avec la source arlésienne, pour reprendre contacts et initiatives avec les associations fédérales. La pose des rubans et la couleur des pèlerines peuvent paraître des éléments mineurs, mais ils sont surtout démoralisants et dévastateurs dans un contexte où la beauté des farandoleuses n’est rien sans celle du costume qu’elles portent. Et Philippe se fait aussi coiffeur des farandoleuses.

La Farandole n’est qu’une des nombreuses danses jouées en public. Mais elle est à elle seule un monument, un symbole et une apothéose qui mérite le détour…

Un monument tout d’abord par sa redoutable chorégraphie humaine et collective. Par l’énergie qu’elle utilise et décuple. Par la complexité ou simplicité offerte aux gestes et pas qui la font naître et se développer. Par le rythme endiablé transmis aux danseurs qui peuvent calmer ou amplifier les mouvements. Par les innombrables possibilités des variations du tempo, des sons, des costumes, des clameurs, des techniques, des directions…

Un symbole d’une richesse inouïe ensuite. Deux grands types de traditions d’origine différente coexistent souvent : La tradition ’Farandole’ et la tradition ’Parade’ :
- La tradition ’Farandole’ exprime une chaîne humaine joyeuse et solidaire, déroulant ses figures harmonieuses devant mais aussi parmi les spectateurs à qui elle communique sa gaieté et ses vibrations sonores, les invitant à la rejoindre pour stimuler et amplifier la vie dans une ronde collective spontanée et toujours renouvelée ;
- La tradition ’Parade’ exprime plutôt une cohorte de fantassins marchant d’un pas lourd, bruyant et cadencé, au rythme d’une musique martiale communiquant plus souvent la peur et donc le silence que l’enthousiasme et donc l’ovation du spectateur. Avez-vous déjà vu des spectateurs se joindre à une fanfare ou aux majorettes ? Jamais… À une farandole ? Très souvent pour ne pas dire toujours… Qu’on le veuille ou non, une musique, une danse, comme un chant, ou un poème peuvent illustrer une société et ses façons de vivre.

Une apothéose enfin. Il n’est pas besoin d’un dessin pour comprendre que la première symbolise une allégresse communicative, que la beauté des gestes, le charme musical et l’élégance des participants illustrent l’âme d’un peuple généreux, respectueux des autres et du lieu où il vit. Certes, à la fin du XVIIIe siècle, elle a subi des évolutions contraintes, mais elle a su résister à ces mauvais génies et sa pratique, à l’opposé de la précédente, continue aujourd’hui encore à influencer la société et toutes les traditions, y compris pour l’objet du thème d’aujourd’hui.

Pour Philippe, la danse en général, c’est aussi une formation par l’ouverture aux danses populaires, classiques et contemporaines, par la richesse des rencontres avec des professionnels affirmés et compétents.

Philippe dans les pas de la Gigue

Ce personnage courageux et téméraire a :
- Prouvé que l’utopie et le rêve permettent de réaliser une idée forte et bien portée ;
- Démontré que la danse est l’aboutissement d’une histoire, l’outil d’une expression personnelle et collective au présent et une aventure à construire ;
- Renoué avec des symboles puissants que la représentation publique, incontournable pour respecter la tradition, ne permet pas toujours de révéler sous ces aspects insolites et mystérieux ;
- Fait d’un point de rencontre théâtral, un lieu d’échanges, une place où la tradition est maintenue dans un contexte festif… Il est ainsi devenu le centre d’une aventure collective qui le dépasse en permettant à d’autres d’en redécouvrir les racines et les plaisirs ;
- Permis à de fortes individualités, d’exprimer leur volonté et de rayonner autour d’elles.
- Enfin, malgré les difficultés associatives, culturelles et idéologiques qui ont jalonné ce long parcours, il a réussi au-delà de ses espérances car, par sa passion et son travail, il a exprimé la seule danse qui vaille, celle des coeurs et des corps libérés des pesanteurs historiques.

Ce pari aventureux de Philippe s’est donc transformé en succès manifeste, partagé par celles et ceux qui ont été associés au challenge, au point qu’en 2002, Laure BOU et Carole BONICI sont élues demoiselles d’honneur de la Reine d’Arles. Le Moulin de Bretoule et les farandoleurs de Barbentane sont mis en avant de la scène.

Grâce à l’effort constant qui a produit une œuvre de qualité, le travail de la troupe est reconnu, avec éclats, par la capitale arlésienne. Barbentane renoue ainsi historiquement avec ses célèbres farandoleurs et retrouve une notoriété nouvelle dans le domaine de la danse et du costume provençal. Il s’est même poursuivi de manière dynamique par l’envie donnée à certains d’élargir leur domaine d’expression en créant les ’Pichot Galapian’, association qui soutient localement tout ce qui a trait à la langue et à la culture provençale.

Ayant œuvré avec originalité, hardiesse, persévérance et dynamisme au maintien et développement de la danse foklorique provençale, à la sauvegarde du patrimoine et de la tradition, tant au village qu’aux alentours, il peut donc figurer au palmarès des passionnés barbentanais.


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