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8) Vers Barbentane ou Graveson !

Vers Terrefort - Barbentane et/ou Bragalance - Graveson !

Lorsque le Colombier passe au-dessus de son seuil réservoir après de gros orages, il a le choix d’écouler les eaux dans deux directions, ou plutôt il avait le choix. En effet, l’écoulement direct vers Bragalance a été non seulement modifié pour empêcher l’eau de s’y écouler, mais inversé et l’eau revient dans le Colombier afin de protéger le chemin d’accès à la carrière, contrairement à son usage ancestral.

Et pourtant, l’histoire de ce secteur est aussi unique que le précédent.

Quand avant, pendant ou après l’époque de Bellinto, tout le territoire dépend de l’unique peuple ligure puis de l’envahisseur romain, la direction de l’écoulement des eaux ne pose pas problème puisque tout est Ligure ou Romain, sauf à l’organiser pour protéger les chemins, les habitats nombreux à cette période ou les domaines agricoles du secteur, mais pas de conflits hydrauliques villageois dans les périodes humides. Le Colombier contenu peut déborder sans souci vers la plaine et la Durance qui passent alors pas très loin, au bord du chemin d’Arles.

Puis, au cours des temps et des seigneurs, le territoire est divisé en fiefs et domaines, défendus avec vigueur contre les inondations, ainsi que contre les écoulements des voisins, canalisés pour les réduire, surtout quand fleuve et rivière se liguent pour aggraver les dégâts. C’est le cas dès le moyen-âge et encore plus aujourd’hui entre communes riveraines qui ont organisé plusieurs systèmes de protection, ce qui en dit long sur l’importance de la menace qu’on oublie trop facilement quand la modernité aveugle nie les réalités.

Graveson reçoit et supporte donc déjà beaucoup d’eau venant de Barbentane par le chemin d’Arles et par Terrefort, et l’existence du Vigueirat et des ouvertures SNCF témoignent d’un aménagement nécessaire pour limiter les dommages (voir les ouvertures SNCF et les vidanges du Vigueirat).
Les inondations de ce village en septembre 2010, puis à nouveau en novembre 2011, manifestent plutôt d’un trop plein que d’un manque. Or, les récents travaux de la LEO, la création de la zone artisanale intercommunale de Sagnon, l’urbanisation accrue de Barbentane et peut-être les aménagements « contre les inondations du Colombier » conduisent implacablement le village voisin a devenir "Graveson les Bains" à l’image de sa gendarmerie ‘pieds dans l’eau’, prémisse annonciateur…

Remodelé par les inondations du Rhône et de la Durance, le quartier de Terrefort est partagé en deux secteurs : une moitié a une pente qui l’écoule au nord vers le village, et l’autre moitié a une pente inversée qui l’écoule au sud vers le village voisin, lequel veille jalousement et avec raison contre toute modification du secteur.

La moitié de Terrefort qui s’écoule vers Graveson reçoit aussi une partie du volume du Colombier, car ce dernier a été conçu ainsi dès l’origine pour écouler les eaux dans les deux directions :

1. Vers Bragalance et Graveson.

Le chemin de Bragalance, situé au sud de l’ancien transformateur EDF, part à une distance de 50 m du seuil plateforme et 2 m en contrebas. L’eau s’évacuait alors en prenant ce chemin - fossé endigué et protégé des deux côtés, au sud par un muret d’époque, au nord par un talus empierré.

D’ailleurs, les propriétaires voisins tentaient déjà de protéger leurs biens en entretenant de petites buttes sur le chemin pour empêcher les écoulements vers leurs propriétés.
Les eaux étaient alors conduites d’abord vers l’ancien petit lagon bleu (nom poétique donné par des enfants du quartier qui s’y baignaient l’été à ce qui est devenu une carrière) qui le borde un peu plus loin, puis vers Bragalance et Graveson.
Cet espace et lagon avait en fait une double utilité autrefois : Aire d’accueil et de repos des voyageurs et troupeaux transitant par le chemin "Trachor" avant la traversée de la Montagnette ; Un autre bassin réservoir naturel, complément hydraulique au Colombier dont l’existence permettait d’abreuver les animaux et d’augmenter la retenue d’eau toujours pour éviter les inondations du chemin et du village.
Les eaux en excès s’écoulaient ensuite vers le fossé, les terres et le quartier Bragalance, pour rejoindre à la période récente les caisses SNCF, le Vigueirat et le village de Graveson.

Ce lagon - réservoir est hélas devenu une décharge - dépôt de terres et gravats. Le bassin de réception existe toujours mais il est réduit à sa plus simple expression sous forme d’un trou plus ou moins rempli d’eau suivant les ruissellements des massifs environnants et les résurgences naturelles qui l’alimentent.

On a en plus laissé l’entreprise locale qui l’utilise, inverser la pente du chemin d’accès en le chaussant afin que les camions ne s’y embourbent pas, et l’eau revient à présent vers la roubine du Colombier et Barbentane, au lieu de filer vers Bragalance.
Encore un ouvrage ignoré que nous ont laissé gratuitement les Ligures qui protégeaient ainsi déjà l’intégrité de la voie ancienne "Trachor" des ravinements venant des hauteurs de Galavardes et Valboussières, et que les Romains eux-mêmes ont conservé.

Résultat hydraulique : Aujourd’hui, une issue fermée et un bassin réservoir réduit !
Si Graveson a été momentanément épargné par cette modification, ce n’est que provisoire, mais Barbentane a perdu un écoulement vers Graveson et surtout un bassin réservoir gratuit en hauteur, totalement ignorés dans l’étude Ipseau !
Enfin, le récent nettoyage municipal du secteur a découvert talus, pentes, chemins et fossés !

2. Vers Terrefort et Barbentane.

La dernière roubine du Colombier s’ouvre 300 m plus loin, au bout du fossé descendant les eaux 10 m plus bas au bord de la route des Carrières, et qui la franchit sous un pont après un virage à angle droit renforcé.
Ce fossé reliant le seuil du Colombier au pont plus bas vient d’être nettoyé et c’est une grande première !

On peut voir la différence avant et après les travaux, mais, comme son auguste ruisseau qu’il évacue, ce nettoyage ne présente aucune utilité puisque sa pente suffisait à conduire le flux sans entraves et ses talus herborés évitaient les ravinements. Maintenant, la nudité du sol est telle qu’elle peut avoir des effets dommageables avec un flux torrentiel, la terre nue va être alors soumise à ravinement si le couvert végétal n’a pas le temps de se reconstituer.

Là aussi, il n’y avait pas de service après-vente ou nettoyage nécessaire, la nature faisait son travail sauf dégradations du temps.

Par contre, à présent, terres et gravats risquent d’être charriés vers la roubine, ainsi que les troncs de bois coupés qui traînent encore dans le secteur dont l’enlèvement aurait évité qu’ils soient emportés et obstruent la roubine en cas de débordements torrentiels.
Jusque là préserver par l’oubli, le « ruisseau du Colombier » entre à présent dans la tourmente ichartelienne et subit déjà des dommages et de stupides projets qui peuvent menacer son existence même.

À la sortie de ce secteur, le Colombier est constitué d’une roubine en hauteur qui finit sa course dans une roubine terrestre.
Roubine aérienne à ses débuts puis terrestre à mi-parcours, elle traverse la plaine humide de Terrefort avant de rejoindre la route de la Gare vers Barbentane pour son ultime parcours.
C’est avec cette dernière partie du Colombier que nous allons terminer la peu banale histoire d’un ruisseau méprisé, incompris et peut-être bientôt détérioré.

Voir la suite « 9. Une roubine aérienne puis terrestre »


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