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4) Le pont, mur et chenal antiques

À l’issue de cette première étape un peu encombrée, le fossé du Colombier arrive perpendiculairement au pont romain qu’il traverse en se jetant derrière un mur, dans un chenal.
Ce pont de trois mètres de long environ et autant de large permet le passage du chemin qui descend du Mas de Madame au Sud à travers les Bois de Barbentane, et qui va à l’Ouest sur le chemin du Grès longeant le fossé vers le Puits de la Ville, ou au Nord vers la Croix de Chaulet sur la route des Carrières et l’Étang.
Mais le non nettoyage du fossé qui passe sous le pont, accumule les embarras et peut l’empêcher de remplir sa fonction car il serait directement menacé par la pression des eaux du fossé surélevé sur sa structure. Il ne coûterait pourtant pas grand-chose d’assurer le bon fonctionnement de cet ouvrage !

Le Pont voûté à un arc ressemble plus à une passerelle.

Romain le pont ! Pour trois raisons :
- Sa constitution d’abord est d’une simplicité technique très efficace : des pierres plates de 5 à 10 cm d’épaisseur sur 20 cm de large et 30 cm de long taillées et placées les unes contres les autres sans mortier, en forme d’arc adossé d’un côté au rocher, de l’autre à une construction massive portant aussi les chemins. La pression supérieure assure la stabilité et la sécurité de l’ensemble. Terres et gravillons posés dessus évitent l’usure supérieure par les intempéries ou les convois. Peut-être des rambardes en bois étaient installées de part et d’autre pour éviter les chutes. Cette réalisation n’a bien sûr rien de comparable au Pont du Gard ou au moulin de Barbegal, deux voisins romains.
- La réorganisation des lieux ensuite : Deux autres voies Nord-Sud étaient empruntées à l’époque des Ligures :
* Le chemin de Ferracan (le chemin du fer ou le chemin empierré !), plus à l’Ouest qui relayait Cadillan à Boulbon en passant par Frigolet puis devant la croix de St-Julien, construite beaucoup plus tard. Ce chemin historique croisait le chemin Trachor venant de Bragalance ;
* Le chemin du Mas de Madame qui passait au puits de la Ville puis Trachor vers le chemin de Calamagne pour rejoindre Barbentane et les Cadeneaux.
Les Romains modifient l’organisation des voies et chemins pour relier leurs villas ou camps, pour réserver la voie Aggripa (du chemin d’Arles) à la poste et armées romaines, pour protéger les convois et troupeaux, pour ouvrir et utiliser les carrières de pierres du secteur, pour faciliter l’utilisation avec des ouvrages rectilignes. Ils aménagent aussi la ressource hydraulique en plaine pour l’agriculture, en hauteur pour une production artisanale (meunerie de Barbegal) ou pour améliorer l’utilisation des lieux humides. C’est le cas ici, d’où un pont nécessaire sur ce nouvel axe pour créer un sens unique sur deux chemins, l’un à l’Est créé pour relier le Mas de Madame, alors villa romaine construite sur l’ancien camp ligure, à ce pont, l’autre à l’Ouest existant déjà reliant le même mas au Puits de la Ville, pour que les convois ou troupeaux ne se croisent plus.
- La particularité technique du mur enfin comme décrit ci-dessous.

Le mur sans le pont n’a pas d’utilité et même avec le pont,
il n’a pas livré tous ses secrets…

Romain le mur !
Ce mur antique démarre son parcours au pied des massifs dits des Plaines de la Montagne pour réduire les déversements vers l’Étang, protéger le pont et le chemin. Situé en bas des pentes sur le rocher, il permet d’endiguer fortement le chenal à ses débuts et de contenir les forts ruissellements du grand versant Nord de tout le massif traversé, des Bois de Barbentane à Galavardes.
Les pierres massives qui le constituent sont accrochées entre elles par des tenons dans lesquels un lien en fer était inséré pour stabiliser l’ensemble et recouvert d’un mortier protecteur. Technique romaine efficace pour ouvrage en plein air.

Ce mur de quelques dizaines de mètres est constitué de pierres de tailles et formes diverses. Il a reçu des constructions côté chemin et non côté chenal où les eaux coulent. Quelle était la nature de ces constructions ? Les pierres monumentales pouvaient aussi avoir un usage d’habitat à l’époque de sa construction, soit d’artisans carriers ou esclaves, soit d’étables à chevaux, logés sur place le temps des travaux. À moins que situé sur le passage de nombreux troupeaux et convois, il ait constitué un péage gardé par la troupe impériale ou plus tard seigneuriale.

Le chenal n’a de sens que pour servir le fossé du Colombier…

Romain le chenal !
Derrière le mur, un large espace a été créé pour contenir de grands volumes d’eau que le mur va accompagner au début comme pour l’obliger à prendre la bonne direction Ouest-Est, dans un chenal de plusieurs mètres de large et de hauteur creusé dans le rocher. Un travail de Romains, esclaves surtout. Alors bien orienté vers Terrefort, sa destination finale, le chenal est encaissé tout au long de son parcours par le rocher du massif Sud et, après le mur, par des relevés de terres au Nord pour contenir le torrent d’eau et éviter toutes fuites qui dégraderaient définitivement l’ouvrage en le brisant dans sa descente.

Pont, mur et chenal ont bien rempli leur rôle de protection de l’Étang et de déviation des eaux jusqu’à ce jour.
La végétation naturelle luxuriante a toujours suffi à protéger le sol, les berges, le passage des eaux dans le chenal et il y aurait quelques leçons à prendre pour d’autres lonnes… Mais, il a subi toutes les avanies possibles, car cet espace de nature n’est pas toujours un lieu de tranquillité, surtout quand les irresponsables s’en mêlent et que les Dieux sont courroucés, c’est alors parfois une jungle en Montagnette que nous allons évoquer dans l’article suivant.

Voir la suite « 5) La jungle près de chez nous. »


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