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6. Le chenal devient fossé et roubine

C’est parfois à la place, parfois en contrebas de l’ancien chemin ligure « Trachor », aujourd’hui devenu dans ce secteur : chemin de Bragalance et route des Carrières, que le chenal devient fossé puis roubine du Colombier, longeant la route sur 1 km environ jusqu’à sa première station remarquable.

Après avoir absorbé les écoulements du Grand Traversier et de l’Étang, il reçoit sur ce parcours, en plus des flux évoqués précédemment, le ruisseau de Miassouse, les ruissellements voisins des routes et chemins des Perrières, d’Estancroze, des pentes et terres de Valboussières et Galavardes, ainsi que des sources très nombreuses dans le secteur ou des résurgences naturelles. Mais il reste un fossé encombré par la végétation.

Le changement de terme de fossé ou ruisseau à roubine n’est pas qu’une galanterie sémantique mais indique le changement de nature de l’ouvrage. Le précédent chenal était souvent endigué côté Sud par le massif naturel surélevé et bordé côté Nord par un talus creusé dans le sol terreux ou rocheux. Le fossé et la roubine sont aussi creusés dans le sol ou le rocher, parfois plus haut que la route avec des murs pour les endiguer, mais le plus souvent en contrebas de la route ou des constructions (encore) qui la bordent.

La route des Carrières porte bien son nom car elle traverse un lieu où les carrières sont très nombreuses, au nord comme au sud de la route. Creusé dès l’antiquité, le massif de la Montagnette a été une ressource importante en pierres calcaires argileuses ou marneuses, jaunes ou grises, dures ou friables, qui a permis un important artisanat local de qualité, riches en professionnels et savoir-faire jusqu’au 20ème siècle.

La plupart des monuments et maisons du village ont été construits avec ces pierres qu’on peut encore observer au travers des rues, sauf pour le centre ancien moderne…

Le quartier des Carrières conserve beaucoup de vestiges de cette activité, notamment quelques constructions réutilisant les grottes ouvertes dans les rochers, des colonnes de pierres massives conservées car impossibles à enlever, des trous imposants creusés au début d’un chantier aujourd’hui abandonné et remplis d’eaux insalubres, et une quantité phénoménale de détritus, poussières, sables, gravats charriés régulièrement par les eaux.
Aussi, pour des raisons de protection des chantiers et du charroi des personnes, matériels et troupeaux, le passage du Colombier a été conçu au milieu de l’ensemble, évitant ainsi l’aléa hydraulique en toute circonstance pour l’activité des carriers et le trafic dans le secteur.

On peut distinguer deux parties dans cet ensemble : Le fossé et la roubine.

A) Le fossé qui continue le chenal, longe la route et les constructions sur 350 mètres.

Le chenal rejoint la route à l’entrée du quartier sous la forme d’un grand fossé, parfois protégé d’un mur, parfois creusé suivant la hauteur environnementale, et qui a une largeur adaptée aux contraintes des lieux traversés, contraintes conçues dès sa conception pour l’adapter aux besoins des carrières du secteur, puis à l’urbanisation récente qui a parfois construit dans le lit.

Toutes les habitations privées au sud du fossé ont établi un pont pour le traverser, sauf une qui a réutilisé le pont antique d’accès aux Carrières, seul pont romain toujours en service après deux mille ans…

Cet ouvrage massif a résisté au temps et aux charges des charrettes de pierres, mais la modernité ne le respecte plus…

De nombreuses sources ou résurgences y coulent toute l’année, mais aussi les gravats, gravillons, sables, limons, déchets végétaux et même plastiques, cannettes ou déchets divers. Un collecteur laissé un peu à l’abandon qui se charge régulièrement avant qu’une pluie torrentielle ne vienne le nettoyer et emporter le tout un peu plus bas.

Le fossé du Colombier assure son rôle historique malgré quelques obstacles qui viennent contrarier son fonctionnement normal :

- D’autres ponts et encore des ponts.

- Des constructions nombreuses sur ses bords.

- Des écoulements parfois peu ragoûtants.
Trivialement parlant, le Colombier a longtemps servi d’écoulement pour des fosses sceptiques d’habitants des lieux et ce n’est que l’odeur pestilentielle estivale qui a poussé à l’amélioration de l’assainissement individuel, pas toujours performant, mais qui tente de donner priorité aux senteurs naturelles du thym et de la menthe, en attendant l’arrivée hypothétique du réseau communal d’assainissement.

- Des dépôts divers et variés d’attirails disparates, encombrants voire polluants.

- Des entretiens à ellipses pour ne pas dire nettoyages totalement absents surtout après les dégâts de la neige de 2010.

Lorsque l’ONF a voulu débarrasser le Colombier il y a quelques années, et couper quelques arbustes, ronces ou arbres entravant le lit, une pluie malencontreuse est tombée alors que les coupes n’avaient pas été retirées. Résultat : ponts bouchés par les végétaux mis en travers et faisant obstruction à l’eau qui a débordé, inondant la route des Carrières !
Cette route est pourtant très arrosée en cas de précipitations, mais par les écoulements arrivant des chemins et fossés du Nord qui évacuent l’Étang, et les terres voisines. Ses écoulements ont augmenté avec la mise en culture des terrains riverains où les arbres avec terres nues ont remplacé un espace herbagé qui les retenait davantage.

Un ouvrage dans l’ouvrage.

Peu après le début du fossé et quelques sources jaillissant dans le Colombier, un ouvrage sous forme d’une double canalisation a été superbement taillé dans la pierre comme pour récupérer l’eau au fond du lit, et la conduire sur 80 mètres.
Puis, tout d’un coup, l’eau disparaît sans que l’on sache si le conduit devient souterrain ou si une faille du sol le vide ou s’il trouve son issue à ce niveau. Comme il approche d’une propriété située dans une ancienne carrière, 50 m plus loin mais surtout à un niveau de 4 m plus bas par rapport au départ de l’ouvrage, on peut supposer qu’il était destiné à alimenter en eau en permanence la carrière voisine par gravitation naturelle.

B) La roubine qui termine les 650 m du parcours.

La roubine qui suit est plus ample et, libérée des contraintes de constructions, elle doit et peut recevoir de plus gros volumes avec une largeur adaptée à cet usage. Les obstacles non naturels se font rares, les ponts aussi, les constructions sont absentes pour l’instant tout comme les entretiens.

Peu après le dernier pont, elle rencontre une ancienne carrière de sable (Callet autrefois), qui lui permet de s’élargir encore et de constituer un espace immense (100 m x 100 m) pour retenir de très grandes quantités d’eau dans l’attente de leur donner une issue.

Calibrée pour faire face à un afflux conséquent d’eau, elle rend service depuis l’antiquité sans défaillir et il faut attendre une étude d’experts pour apprendre qu’elle pose problème !
Que s’est-il passé pour en arriver là ?
La mairie a découvert que, beaucoup plus bas dans la plaine cultivée, une partie endiguée du fossé (dont nous parlerons plus loin) a failli en 2003 et a inondé quelques terres ! Des terres dont l’une des fonctions régulières est de recevoir le surplus des eaux du quartier depuis toujours et qui sert de prétexte aujourd’hui à des accusations farfelues permettant d’inventer une menace inexistante, de désigner un ouvrage dangereux, avec une étude caricaturale et des solutions abracadabrantesques.
On a déjà vu et compris que le premier ruisseau, le pont, la jungle du chenal, le fossé et la roubine décrits précédemment fonctionnaient sans interventions humaines, et n’en avaient heureusement pas besoin, sauf à enlever quelques dépôts du temps ou limiter les dégradations de voisinage.

Même oublié et avec toutes ces difficultés, le fossé roubine fonctionne donc toujours.

Le Colombier est en effet un ouvrage communal jamais nettoyé, sauf par l’apareuse municipale qui tond l’herbe au bord de la route, et encore moins réparé comme cela aurait du être le cas dans la partie sinistrée en cause. D’ailleurs, il vaut mieux… Sauf pour remédier aux défaillances éventuelles des bords ou des ponts, l’intervention sur ordre communal doit rester rare car elle aurait toutes les chances de nuire au fonctionnement d’un ouvrage historique prévu sans service après-vente.

Comment est-ce possible ? C’est l’objet du prochain chapitre.

Voir la suite « 7. Le mystère des origines. »


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