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D. Retour des fleuves

Récits humides

La litanie des années de crues et inondations est longue et monotone si elle n’était pas parfois cruelle comme celles des 12 au 18 novembre 1935 où la côte d’alerte est à 7 m avec 9600 m3/seconde, c’est à dire le plus gros Rhône depuis 1840 - rupture de digues à la Sainteté et de gros dégâts sur la plaine environnante.

Quatre autres inondations suivront en 1944, 1948 et surtout novembre 1951 avec 9170 m3/s et une nouvelle rupture de digues un peu partout, puis la dernière en octobre 1960.

De 1965 à 1970, les travaux CNR, censés protéger le village des crues et inondations annuelles, aménagent le Rhône, l’endiguent, font disparaître les îles et le domaine de l’Islon, mettent en place le barrage de Vallabrègues, le plan d’eau de la Sainteté au confluent (13 m de hauteur), le contre-canal depuis le viaduc de Rognonas au Rhône (11,50 m de hauteur écoulant les eaux des fossés, des résurgences et du canal Puy d’Avignon, qui arrive de Courtine sous le Plan d’eau), et surtout suppriment les crues... Celles de 1976, 1977, 1978... se produisent sans inondations au point qu’habitants et responsables considèrent que les phénomènes hydrauliques sont loin derrière nous, et oublient...

En octobre 1968, des travaux sont effectués avec un bulldozer le long des caisses SNCF au chemin d’Arles, pour enterrer des canalisations du pipe-line pétrolier Rhône-Méditerranée. En fin de journée, les ouvriers rangent l’engin sur le bord de la tranchée pour la nuit. Le lendemain matin, il découvre que l’engin s’est enfoncée dans le terrain au point qu’il ne voit plus que le haut du pot d’échappement. Dans l’impossibilité de le sortir et de le récupérer, il a été abandonné sur place dans le marais. C’est là qu’est prévu le projet LEO !!! La zone humide et les terrains marécageux de ces quartiers étaient connus pour leur dangerosité. Le sous-sol entre Rognonas et Châteaurenard a depuis été largement exploité par l’entreprise Callet, qui a extrait des millions de tonnes de sables et graviers et fragilisé définitivement certaines zones. Mais là aussi, l’oubli est de rigueur...

Jusqu’au 22 septembre 1992 où les débordements soudain de l’Ouvèze menacent la ville et la région de Vaison-la-Romaine. Jusqu’au 10 octobre 1993 à 8 h où une lame d’eau de 3 cm passe sur le déversoir de Boulbon sans inonder, indiquant la menace à venir avec un Rhône à 9796 m3/s. Puis le 7 janvier 1994, avec un Rhône à 12000 m3/s, et une lame d’eau de 68 cm qui passe sur le déversoir boulbonnais mais cette fois avec inondation. Jusqu’au 3 octobre 1998 où les ruissellements torrentiels du gardon nîmois dévastent la ville même, Des catastrophes à répétition se succédent dans la vallée du Rhône et de la Durance... Mais Nîmes, Vaison, même Boulbon c’est loin !

Là-bas, les riverains s’organisent pourtant en Association de Défense des Riverains du Rhône avec enfin une idée de globalisation des approches et des solutions nécessaires et surtout de retrouver la mémoire du fleuve. Les responsables des structures chargées de la gestion prennent peur : Compagnie Nationale du Rhône, Agence de l’Eau, SMAVD et DIREN de bassin proposent enfin de réfléchir à ce qui se passe, enfin des commissions de concertation, enfin un Etablissement public Territorial de Bassin « TERRITOIRE RHÔNE », enfin une étude globale des risques de la frontière franco-suisse à la mer en 1999. Tant de services et de techniciens qui n’ont rien vu venir, la gestion de la nature est assurée !


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